Anglet Patrimoines
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Publié le 03/05/2012 par Emmanuelle Fère
La ferme Mauléon a livré une partie de son passé

Ce bâtiment, situé en bout de piste de aerodrome sera détruit pour respecter la réglementation de l’aviation civile. Avant, il a fait l’objet d’investigations qui ont remonté jusqu’à la fin du Moyen Âge.

Avant de se nommer Mauléon, la maison s’appelait Soronde.
photo archives « sud ouest »

Les Angloys les plus anciens, ou les plus férus d’histoire connaissent l’existence de la ferme Mauléon, vaste demeure de pierres, dont le terrain a peu à peu été grignoté. Désormais, elle est située sur le foncier appartenant au Syndicat mixte pour l’aménagement et l’exploitation de l’aéroport de Biarritz-Bayonne-Anglet.
Pour des raisons d’évolution de la législation en matière d’aviation civile et de hauteur de bâtiments à respecter à proximité des pistes de l’aéroport, la ferme Mauléon devra être détruite dans l’année. L’opération, qui n’est pas liée au projet d’agrandissement de la piste, a incité les acteurs locaux à engager une campagne archéologique, pour faire parler le bâtiment, avant qu’il ne soit partiellement rayé du quartier de la Tour de Lannes.

Étude du bâti et du sol

« Tout s’est fait dans la plus parfaite collaboration entre les partenaires, syndicat mixte, Ville d’Anglet, associations de défense du patrimoine  », mentionne Christian Normand, archéologue au Service régional de l’archéologie d’Aquitaine (SRA). En poste à l’année au Centre de conservation et d’étude d’Hasparren, ce spécialiste de la préhistoire a suivi le dossier ferme de Mauléon. Des préconisations ont été réalisées pour une étude archéologique du bâti, et la réalisation de sondages du sol.
Le bureau d’investigations archéologiques Hadès (Bordeaux-Toulouse) a remporté l’appel d’offres lancé par le syndicat mixte sur les bases de ce cahier des charges. Son rapport complet ne sera remis qu’en fin d’année, mais Christian Normand a bien voulu nous indiquer les premiers enseignements livrés par la maison de maître, dont l’archéologue précise que son accès est interdit, car situé sur un terrain privé, et aussi dangereux.

Ophite extraite à proximité

Les différents épisodes du bâtiment ont été lus au moyen des matériaux de construction, après décrépissage des murs des enduits et peintures, et des sondages de sol. Il en ressort que la première partie du bâtiment -d’une superficie légèrement plus réduite et orientée est ouest- a été édifiée à la fin du Moyen Âge. «  Extrême fin XVe siècle première moitié du XVIe siècle  », mentionne l’archéologue. «  On peut alors parler de ferme. »

Trois des murs d’origine étaient particulièrement épais, constitués de blocs de 100 à 150 kilogrammes d’ophite, cette roche magmatique compacte de couleur verte, extraits d’une carrière situé à quelque 200 mètres.

« L’affleurement de la Tour de Lannes a été exploité jusqu’au début du XXe siècle  », mentionne Christian Normand. La façade était, elle, semble t-il à colombages. À l’époque, le bâtiment ne s’appelait pas ferme Mauléon. «  C’est un nom récent. Une carte du XVIIIe siècle indique ferme Bergouey. Le bâtiment a également évolué en termes d’architecture. Au XVIIIe siècle, il était la propriété d’un bourgeois de Bayonne. Ce n’était pas une maison noble, elle avait un statut relativement important.  »

Éléments conservés

Les phases ultérieures du bâtiment ont également été édifiées à partir d’ophite, mais de moellons plus réduits. Dans une deuxième phase (moitié XVIe – début XVIIe), une citerne a été installée pour alimenter l’exploitation, grâce à la récupération des eaux ruisselant du toit. Au cours d’une troisième époque, la citerne a été détruite, et enfin la ferme a pris son apparence actuelle et définitive avec la destruction de la façade côté est.

Ce « bâtiment qui a beaucoup vécu  » dévoilera l’ensemble de ses secrets lorsqu’Hadès fournira son rapport d’investigations, d’ici fin 2012.
Le soubassement de la ferme sera conservé «  pour sauvegarder la mémoire du bâtiment  », de même que « certains éléments architecturaux remarquables  » : portes, fenêtres, réalisés en calcaire. Aucun objet n’a été retrouvé. Mais si un jour la piste est élargie, des fouilles seront organisées, et il est probable que l’on trouve, comme ce fut le cas au début du XXe siècle, à proximité de la Tour de Lannes des silex, et autres outils qui sont en grande partie exposés aujourd’hui au musée d’Aquitaine


Publié le : 22 mars 2024
par : François Palangié

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